de la piste à tout lecteur qui prendra la peine de le lire jusqu’au bout, et il s’agit aussi d’un
hommage à « XIII » (son pseudo sur motopiste), ou Franck Pericola, mort de la même passion, au
TT, cette année 2015.
Son CR sur sa saison 2014 m’avait particulièrement ému.
A force de lire des comptes-rendus élogieux sur le mythique circuit de Lédenon, je me suis promis
qu’un jour j’y poserai mes roues.
Après tout, la moto sur piste c’est une passion, et Ledenon, un graal, la récompense suprême.
En 2013 ma moto est tombée en panne, en 2014 j’ai été blessé par un pilote qui croyait maitriser
sa monture, à Mettet, par contre 2015 se présente sous de meilleures auspices (je touche du bois).
Lédenon, s’il n’est pas très grand, semble quand même particulièrement ardu, et il m’a paru sage
de bénéficier des conseils de véritables « experts » pour le découvrir.
De plus, habitant Lille, autant que ce long voyage soit profitable et ne pas perdre du temps à
découvrir ce circuit.
De ce fait, après des recherches frénétiques sur Internet, j’ai sélectionné l’école de
pilotage 4G, créée par les frères Garcia qui offre, entre autres avantages, la possibilité de faire
suivre une journée de formation par une journée de pur roulage.
Ma petite femme (elle fait quand même 1,78m), douce Sylvie, qui s’est mise à la piste, ne se laisse
pas impressionner par Lédenon et décide d’y rouler aussi les 2 jours, mais en débutante (pas folle
la guêpe), tandis je suis en Moyen+.
Sa CBR600F va donc côtoyer ma Panigale sur la piste méridionale.
Hélas, changement de programme, elle ne se remettra pas à temps d’une fracture de la clavicule, qui
tarde à guérir, suite à une chute au mois d’Avril sur le circuit de Lezennes ?
Elle m’accompagne quand même en tant que coach et « umbrella girl »
Les préparatifs sont dignes d’une expédition militaire d’envergure : Liste de matériel, sélection
d’un camping à proximité du circuit, estimation budgétaire serrée (Bon sang, le péage A/R c’est plus
de 150 € !), montage pneus neufs ou récents, programmation GPS, rien n’est laissé au hasard et
nous n’oublierons ni la trousse de maquillage de madame ni ma casquette fétiche
Moto sur remorque
Après un long voyage, plus de 13 heures de route, nous arrivons sur place et nous précipitons
pour observer le circuit, même si Ledenon offre peu de points de vue pour les spectateurs.
Je remarque quand même que du milieu de la ligne droite je n’aperçois ni le début ni la fin de
la piste, à cause du dénivelé, et que le fameux triple gauche, si il est bien large, semble vraiment
technique.
Point rassurant quand même, sur les 4 sessions auxquelles j’assiste il n’y a pas de chute, même si
ça n’a aucune valeur statistique ça réconforte, sur tous les circuits que j ‘ai pratiqués c’était
monnaie courante, cette tendance se vérifiera d’ailleurs durant mes 2 jours de roulage.
Nous croisons Bader de « Moto & motards », accompagné de son tourmenteur favori, Franck Nourry.
Les 2 compères s’entendent comme larrons en foire en réalité.
Photos du Paddock
31 août au matin
C’est ma journée de coaching !
Après les conseils habituels sur les roulages (signification des drapeaux, organisation des
roulages…) les stagiaires sont répartis sur les 2 « profs », pour ma part Yani Todesco, récent
vainqueur du challenge Protwin, rien que ça !
La formule est la suivante : une fois le matin et l’après-midi, notre coach nous montre les
trajectoires puis nous filme sur la piste.
Un débriefing s’ensuit et notre « prof » analyse et commente nos roulages.
Ces séances sont collectives, ce qui permet de bénéficier de la description des erreurs de chacun
et de la solution à y apporter.
La formule est donc essentiellement différente d’autres écoles, comme la « de Radiguès Rider
School », où tous les pilotes sont des stagiaires, et ne quittent pas leur coach, avec lequel ils
pratiquent des exercices sur la piste, allant jusqu’à s’arrêter pour l’étude de certains virages.
Chez 4G on pratique pendant les journées de roulage, mélangés avec les stagiaires comme les non
stagiaires !
Dieu merci pour le novice de Ledenon que je suis, des cônes de déclenchement et de point de corde
sont en place
A noter que les sportives utilisées par le team 4G sont des Panigales, ça m’arrange !
Et puis les stagiaires ont droit aux petits biscuits chocolat, je saurai profiter de cet
avantage.
Yani todisco
Bon, 1ère session, on s’insère sur la piste en bout de ligne droite, dans le triple gauche.
Virage du pont, avec son point de corde bien loin, la carierrasse, ou j’ai tendance à viser le
point de corde mais à oublier d’anticiper mon accélération à la sortie, surtout qu’en ces premières
sessions, la descente du camion, masquée par son dénivelé, me surprend. Par la suite ce sera un de
mes virages préférés.
Après le cavalet on remonte pour aborder la Servie et le fer à cheval.
Ce dernier est très complexe, il se resserre à tel point que, pour ne pas manquer le point de corde,
il faut accepter de perdre du temps dans son entrée pour en gagner dans la descente.
Voui, plus facile à dire qu’à faire, il y a du boulot dans cette partie !
Par contre, la cuvette ne pose que le problème de lâcher les freins assez tôt pour commencer la
ligne droite avec le plus d’élan possible.
D’ailleurs, cette ligne droite n’est pas droite au début, et comporte en prime 2 montées qui vous
empêchent de la voir dans sa totalité.
A la fin en particulier il faut se reposer sur un bon repère de freinage (petit kiosque à droite de
la piste), sinon c’est le tout droit assuré !
2ème session : Je chauffe doucement les pneus, puis le rythme s’accélère peu à peu.
Un peu trop d’ailleurs, car à la Servie je déclenche mon freinage tardivement, oublie de viser le
point de corde, et je fais un petit bac à gravier, sans tomber.
Je m’en extirpe tout seul puis continue le roulage, plus discrètement, je remercie ma visière fumée
pour le relatif anonymat qu’elle me procure
3ème et dernière session du matin : J’essaie d’aller vite, je m’améliore nettement au triple gauche
mais reste trop approximatif sous plusieurs points de corde, à tel point que Bernard Garcia
himself me double, me fait des signes avec frénésie, trahissant sans doute une admiration de sa
part pour mon pilotage viril et sans nuances, et je prends sa roue pour une leçon particulière.
Au retour au paddock, une larme à l’oeil, il exprime enfin distinctement ce que je décide de
considérer comme une ébauche de compliments (enfin, presqu’un savon, en bon français) et je pars
aussi sec en passager derrière Yani Todisco pour une démonstration grandeur nature.
Tout y passe, wheeling à l’accélération, dépassements sauvages (quoique maitrisés à la perfection
par le loustic), freinage d’anthologie, insertion vigoureuse dans un pack de motos…
J’essaie de paraitre peu impressionné quand je descends de la moto, regarde avec morgue les
débutants qui s’équipent, prends un regard assuré voire dédaigneux, mais ai-je réussi à masquer
l’excès de sensations que je viens de subir, et la prise de conscience vis-à-vis de ce qu’il me
reste à améliorer ?
Douce Sylvie, elle, n’est pas dupe, mais il est vrai que les femmes s’y connaissent mieux que nous
en matière de simulation…
Cette courte séance restera inoubliable, il y a le monde des champions, et les autres…
Dieu merci, pour les autres il y a l’apéro qui réconforte
Paddock – la recherche de l’ombre est primordiale sans tonnelle
Après-midi : 4ème, 5ème et 6ème sessions.
ça va mieux, mais le fer à cheval reste laborieux.
Les sessions sont courtes (15 mn) et nous sommes prêts de 40 dans mon groupe, ce qui n’aide pas
pour progresser.
Yani débriefe avec talent ma vidéo de l’après-midi et je connais mes points faibles, ce qui est
une force !
Votre humble serviteur en action (ne regardez pas mes trajs au fer à cheval)
[Youtube]https://www.youtube.com/watch?v=b9ra6Wi4u0Y[/Youtube]
J’ai toujours une petite crispation au moment du rétrogradage de 3 à 2, dans le triple gauche, la
moto étant sur l’angle elle glisse à chaque fois légèrement, mais tout se passe bien (ben
oui, j’avoue que je ne sais pas donner le coup de gaz qui va bien au rétrogradage, et ce n’était
pas le moment d’essayer, voilà !).
A la fin des roulages de la journée, Yani propose de faire le tour de la piste à pied, pour étudier
les trajectoires : nous ne sommes que 4 courageux à l’accompagner, et pendant une heure et demie
il nous décrit avec complaisance toutes les trajs, les repères et les astuces qu’il utilise !
Merci encore pour ça Yani, j’ai rarement autant appris en stage.
Ce champion arrive à 260 chrono en bout de ligne droite, alors que je n’ai pas dépassé les
215, selon mon impitoyable et tout compte fait, peu sympathique GPS.
1er septembre - Roulage sans coaching
Un orage nocturne a hélas détrempé la piste, par prudence je m’abstiens de rouler les 2 premières
sessions, heureusement que le beau soleil du Sud est là pour sécher rapidement le bitume.
Comme il y a moins de monde que la veille les groupes Confirmés et Moyen+ sont regroupés, et on
passe à 7 sessions de 20 minutes
J’ai du mal à rentrer dans le rythme ce matin, à mettre en pratique tout ce que j’ai appris la
veille au soir, une saturation peut-être ou plus probablement avoir besoin simplement d’un peu
de temps pour tout assimiler ?
Bon, je me rattrape l’après-midi, la concentration est enfin au rendez-vous, j’atteins plus
facilement les points de corde, à l’exception de celui du fer à cheval, mon point noir, et le
triple gauche se prend nettement plus vite.
Je sens même un frémissement de la moto à l’accélération au début de la ligne droite, avec la roue
avant qui veut chercher le ciel !
Je cherche fébrilement des yeux un photographe, mais personne pour immortaliser ce moment magique
!!! J’arrive, en plus, à en doubler 2 dans une session, bon d’accord, c’était 2 fois le même, mais ça
compte quand même pour 2 dépassements !!
Je m’efforce à essayer une astuce de Yani : lâcher plus tôt les freins à la cuvette et au virage du
Pont, de manière à profiter de l’élan qui viendra s’ajouter à la puissance du moteur pour la
montée, même si Yani fixe le point jusqu’auquel est censé nous entrainer l’élan, bien loin du point
de corde !
Conclusion
J’avais déjà posé mes roues sur des circuits impressionnants, comme Spa, mais force m’est de
reconnaitre que Ledenon, en termes de sensation, vaut son pesant d’or !
Il n’est sans doute pas assez fréquenté par les pistards du nord, de par son éloignement
géographique, mais il combine sur une unique piste, dénivelés, virages en aveugle,
freinage d’anthologie…
Ce circuit est difficile, il se mérite, et c’est pourquoi un accompagnement pour le découvrir, à
mon niveau, parait nécessaire.
Je sais que j’y retournerai la saison prochaine, pour 2 voire 3 jours de roulage, il les vaut, et il
faut que je passe sous les 1’40, je ne me satisfais pas de mes 1 ’45. !
Chapeau bas en tous cas pour les passionnés (la famille Bondurand) qui ont construit ce complexe
sans aide extérieure, armés de leur seule volonté.
Je vous engage d’ailleurs à signer la pétition pour sauver Ledenon, suite à l’action d’écolos en
mal de reconnaissance et de riverains qui se plaignent, après s’être installés à côté d’un
circuit, du bruit qu’il peut générer !!
Pétition Ledenon
https://www.change.org/p/les-usagers-du ... m=copylink
Nous rencontrons les mêmes ennuis pour la piste de Lezennes, près de Lille, où la perspective de
récupérer des hectares à bâtir fait saliver les promoteurs, dissimulant leur goût du profit
derrière de pseudos nobles causes !
Pétition Lezennes
http://www.petitions24.net/contre_la_fe ... gne_de_fer
Et merci d’avoir eu le courage de me lire jusqu’à la fin
, oui effectivement super circuit , mais il faut y aller plusieurs fois avant de commencer à se lâcher .
